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02 juillet 2006

Confusion dans la gouvernance SOA

La plupart des facettes relatives à la gestion des architectures de services SOA sont aujourd'hui en phase de maturation et les spécifications correspondantes sont soit standardisées, soit en voie de standardisation. Cette stabilisation permet notamment à l'organisation WS-I d'annoncer la mise en oeuvre de nouveaux profils d'interopérabilité.

Malheureusement, il est un domaine qui fait du surplace depuis de nombreux mois et pour lequel la situation ne semble pas se débloquer. Il s'agit de la gouvernance des architectures SOA et notamment de la mise en oeuvre de son support essentiel : les annuaires/référentiels de services.

Autant, la partie annuaire est standardisée depuis longtemps via le standard OASIS UDDI 2.0, puis 3.0, autant la partie référentiel ne dispose encore d'aucune spécification, et encore moins d'un standard, qui précise comment interagir de manière interopérable avec la partie référentiel de ces annuaires.

Conscient de cette difficulté, Systinet, l'un des éditeurs principaux dans le domaine des annuaires UDDI, dont le produit Registry constitue notamment la brique annuaire des offres de BEA et Oracle, a proposé l'initiative Governance Interoperability Framework (GIF) pour tenter de prendre en charge cette problématique.

Malheureusement, cette initiative, soutenue par de nombreux pure-players dont Above All Software, Actional, AmberPoint, Composite Software, DataPower, Hewlett-Packard, Layer 7 Technologies, MetaMatrix, Reactivity ou Service Integrity, n'a donné lieu à aucune publication d'une spécification commune et publique d'accès à ces référentiels.

Depuis, la situation s'est même aggravée avec l'apparition d'une autre organisation, SOA Link, emmenée par Infravio, et supportée par AmberPoint, Composite Software, Forum Systems, Infravio, Intalio, IONA, JBoss, Layer 7 Technologies, LogicBlaze, NetIQ, ParaSoft, Reactivity, SOA Software, SymphonySoft et webMethods. On peut remarquer que de nombreuses sociétés sont présentes dans les deux listes de supporters.

Si l'on regarde l'annonce de la création de cette organisation, la raison d'être de son existence est décrite ainsi :
"SOA Link is an initiative organized by Infravio, Inc. for the purpose of bringing together multiple vendors with products for SOA Governance to mutually interoperate. Whether supplying a policy repository and authoring system, run time enforcement system, monitoring at run time, or business process capability, these systems will be delivered as interoperable by multiple vendors and technologies."

Plus loin, la limite de cette interopérabilité est précisée :
"SOA Link does not mandate a single API for interoperability. On the contrary, it is a public statement by partnered vendors that they will provide interoperable solutions to their customers. A customer buying SOA Link solutions can be assured that these products will work together to solve the problem of end-to-end SOA Lifecycle Governance."
Bref, le site SOA Link n'est qu'un blog dans lequel les éditeurs ne publient qu'une interopérabilité bilatérale (et non pas multilatérale) entre leurs produits respectifs, quelle que soit l'API utilisée, que celle-ci soit propriétaire ou plus ou moins publique.

Il est clair que cette situation n'est pas du tout satisfaisante et qu'elle contribue à freiner le développement et l'essort des architectures SOA. Anne Thomas Manes (une ancienne spécialiste SOA de Sun Microsystems et Systinet) a profité de la conférence Burton Group Catalyst pour demander aux membres du panel dédié à la gouvernance SOA leur avis sur cette question.

Les réponses apportées, notamment par les représentants d'Infravio et de Systinet, sont plutôt affligeantes. On y apprend notamment, selon Roman Stanek, qu'une deuxième release
du framework GIF est en cours de développement pour intégrer un ensemble plus étendu d'APIs et de standards. Ce à quoi Charles Stack, CEO de Flashline, répond (bien évidemment) :
"It doesn't benefit to have a standard that is not a standard."
Au final, Roman Stanek indique que cette version sera soumise à un organisme de standardisation, sans plus de précisions.

Notons que sur ces questions de référentiels de services et de gouvernance SOA, IBM et Microsoft ont été à peu près inaudibles pour l'instant. IBM vient simplement d'annoncer son nouveau produit
WebSphere Service Registry and Repository qui devrait être disponible vers la fin de l'année.

Comme on l'a bien compris, ce framework est entièrement sous le contrôle de Systinet et son processus de spécification ne fait l'objet d'aucune publication, d'où le malaise.

Que faut-il conclure de tout cela ? Tout comme les ESB sont des frameworks de médiation qui devraient être interopérables (ce qui est loin d'être le cas à l'heure actuelle), les frameworks de gouvernance doivent impérativement devenir interopérables pour libérer le développement des architectures SOA.

Alors que faire en attendant : attendre que les principaux éditeurs de solutions SOA (IBM et Microsoft notamment) prennent conscience de ce blocage et que leurs action provoque une amélioration de la situation ? Faire le saut en adoptant des produits propriétaires, tout en s'assurant au préalable que ceux-ci sont bien interopérables deux-à-deux, sachant que ces investissements seront remis en cause à court ou moyen terme ?

A mon sens, sauf si des besoins opérationnels imposent une réponse immédiate, il est urgent d'attendre et de se contenter pour l'instant de simples annuaires UDDI, le temps que les éditeurs comprennent que leurs clients attendent d'eux des solutions interopérables, une caractéristique qui est à la base même de la construction d'architectures SOA pérennes.

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